Lambada 4

JUSTIN EBANDA

ANGELE ETOUNDI ESSAMBA

MIREILLE ASIA NYEMBO


emPReINTe [s]

Commissaires d'exposition :

Pascale Obolo & Carole Onambélé Kvasnevski



GALERIE CAROLE KVASNEVSKI



07 novembre -  16 décembre 2021

Prolongation jusqu'au 29 janvier 2022

Programmation officielle "un dimanche à la galerie"

EmPReInTe(s) est une exposition collective qui questionne l’histoire et l’identité du tissu imprimé africain et leurs influences dans les sociétés contemporaines africaines

Pascale Obolo - Commissaire d'exposition


L’exposition emPReINTe(s) met l'accent sur la différence entre le tissu colonial wax créé par les hollandais et la prise de conscience de l’invisibilisation des tissus créés par les africains. Elle questionne « l'approche corrective », visant à redéfinir et à rétablir les tissus fabriqués par nous dans nos sociétés africaines. Cette exposition tend aussi à élargir l'historique des créations des tissus africains à travers une sélection des œuvres présentées.


Le lien entre la domination actuelle du wax sur le marché et celle de l'héritage colonial est évident. S'intéresser aux vrais tissus traditionnels, c'est aussi remettre en question la domination occidentale sur l’Afrique.

Dans nos sociétés les imprimés africains ont une importance capitale. Ils sont utilisés comme des moyens de communications - parfois même politiques. Ils servent aussi à différencier les classes sociales dans les sociétés africaines …

On ne peut parler de l’histoire des tissus africains sans évoquer la colonisation. Le wax est un tissu d’origine hollandaise et non africaine, il porte également les noms “tissu africain” et “pagne . Son nom “wax” signifie “cire” en anglais, il provient d’une technique d’impression à base de cire issue du batik de Java indonésien autre ex-colonie hollandaise. Importée au 19e siècle par les Hollandais cette technique consiste à recouvrir le motif négatif avec de la cire, teindre le tissu d’une couleur et le rincer afin d’éliminer la cire.

 Les hollandais s’emparent de cette technique avec pour objectif de conquérir le marché de l’Afrique subsaharienne. Ce tissu très apprécié et adopté par la communauté africaine de l’ouest rencontre un véritable succès. Suite à cette engouement du wax en Afrique de l’Ouest, les Hollandais décident de produire en masse ce tissu et de le commercialiser en abondance. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, le wax a éclipsé les autres tissus traditionnels africains. C’est donc un produit exporté et réimporté en Afrique.


L'exposition rend hommage aux tissus africains et à son histoire en la reliant à de multiples récits et pratiques artistiques évoquées dans les œuvres des artistes montrés dans l’exposition emPReINTe(s). 

Les œuvres des artistes visuels sont thématiquement liées à trois thèmes différents, chacun offrant une nouvelle perspective sur la question de la représentation liée à la décolonisation et à la de-construction des imaginaires . Les artistes transforment ce tissu esthétique africain en un tissu politique en proposant de nouveaux récits pour questionner cette histoire coloniale qui a été effacée et écrite d’une certaine manière.

L’exposition montre aussi comment l’histoire du wax a été façonnée dans les imaginaires des Africains .

Les trois artistes, aux méthodes de travail très contrastées et aux approches parfois diamétralement opposées, se retrouvent dans ce qui leur tient à cœur : la place et le rôle de la mémoire dans les cultures africaines 

Née de la rencontre de trois univers, ceux de Justin Ebanda ,Angèle Etoundi Essamba et Mireille Asia Nyembo, l’exposition emPReINTes est la conversation croisée de trois plasticien.ne.s. Cette vision à plusieurs focales s’exprime ici en photos, peintures, vidéos et installations.


Au-delà d’un simple jeu de perspectives, les œuvres de Justin Ebanda rappellent la minutie de la peinture flamboyante remplie de vivacité et de couleurs qui interrogent l’amnésie collective. Il peint le visage d’une Afrique avenir maîtresse d’une vision sociétale très moderniste avec beaucoup de précision. Sa peinture dépeint « la mémoire des Hommes qui ont marqué leur temps et dont les marques continuent à survivre parmi nous et avec nous de nos jours ». les peintures de Justin Ebenda en disent autant sur le quotidien suspendu et chaotique que sur nos états d’âme, nos imaginaires et nos tempêtes intérieures.


Intemporelles, les œuvres de la photographe Angèle Etoundi Essamba ont la temporalité pour matière première. Une temporalité faite d’étirements, de jeux de matières de tissus et de référence historique et picturale de la peinture flamande mélangée à sa culture africaine. 

Dans ses photos elle met en scène des portraits de personnages africains habillés avec des collerettes en wax accompagné d’une vidéo. 

Car, outre son intérêt sur la place de l’histoire du vêtement dans nos sociétés Angèle réfléchit à la façon dont ces derniers sont liés dans l’histoire coloniale qui nous hante encore aujourd’hui. 

Le premier thème explore la notion de portrait et de représentation au travers le travail photographique de l’artiste Angèle Etoundi Essamba  aujourd'hui, avec des informations historiques et biographiques. Les œuvres qui en résultent interrogent la question de l’appropriation culturelle.

Le deuxième thème concerne les façons dont les idées formulées dans la peinture de Justin Ebanda ont transformé le geste artistique en un acte politique 

 Justin Ebanda ,Angèle Etoundi Essamba et Mireille Asia Nyembo le explorent les mémoire collective et leurs l'influence sur la société contemporaine africaine à travers de nouveaux récits fictionnels proposé dans leurs oeuvres.



Le troisième thème présente des redéfinitions de notre compréhension de l’ histoire coloniale vue par les concernés. Les travaux de Mireille Assia Nyembo explorent les relations entre la vie quotidienne, la place des femmes dans la société congolaise et l'histoire des imprimés africains . Comment le tissu colonial le wax a marqué aux fers l’Afrique ? Comment on a fait accepter dans l’imaginaire des africains le tissus wax dans nos sociétés africaines ?

Dans son travail artistique, les imprimés peuvent symboliser le statut, la hiérarchie et l'allégeance à certaines tribus. Les couleurs ont une signification spécifique : le noir représente la longévité, la maturité et le deuil, et le vert la fertilité et les forces génératrices, par exemple. 

Les sociétés africaines sont  très structurées et comportent énormément de règles à respecter, au risque d’être marginalisé•e.s. Certains sujets sont tabous pour les femmes, donc elles utilisent des messages cachés pour exprimer leurs sentiments face à des personnes spécifiques mais aussi revendiquer leur place dans les sociétés africaines. Pour l’artiste militante féministe Mireille Assia Nyembo , la nécessité de se raconter et se réapproprier son histoire est très présente dans son travail.


Explorant la tension entre les tissus africains et le tissu wax hollandais considéré dans nos imaginaires comme un tissu africain en rapport avec les identités africaines spécifique, chaque artiste à sa façon abordera cette tension de différentes manières, montrant que la question de l'identité et l histoire des tissus africains est complexe et plurielle dans les cultures africaines.


L’exposition emPreINTe(s) vise en outre à réfléchir sur les circonstances sociopolitiques, économiques et historiques qui ont été essentielles à l’émergence et à l’invasion du tissu wax sur tout le continent africain . Le champ des imaginaires qui se remodèle sans cesse et remet en cause les récits normatifs marqués aux sceaux comme une cicatrice qui a du mal à disparaitre ou à se cicatriser. Cette exposition met en lumière des travaux d’artistes qui viennent perturber ou remettre en question les récits d’un imaginaire exotisant l’histoire des imprimés africains à travers la monstration de ces œuvres.


emPReInTe(s)
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