BRUCE CLARKE, MANEL NDOYE, JEAN DAVID NKOT, MARC PADEU, TAREK BEN YAKHLEF
LIFTING THE VEIL
1-54, PROGRAMME OFFICIEL
THEATRE ROYAL DE MARRAKECH, MAROC
21 - 24 FEVRIER 2019
L'installation enveloppe le théâtre. Cela nous rappelle une tente dans le désert. Il est composé d'imprimé tissu, voiles semi-transparents, tombant en apesanteur, harmonieusement, esthétiquement autour de nous. Nous sommes tentés, encouragés, à lever le voile. La tente fait écho aux origines bédouines de nombreuses sociétés nord-africaines. L'installation est une réalité nouvelle et émergente créée par
les juxtapositions de voiles évoquant esthétiquement un passé douloureux et un présent trouble. Les sociétés nord-africaines et occidentales ont été construites sur l'esclavage. Notre cocon a été construit par le biais d’autres peuples, un travail pénible, souvent imposé.
Le discours d'aujourd'hui sur l'esclavage passé est largement consensuel et condamnant.
Cependant nous sommes gênés quand nous sommes confrontés à des formes de l'esclavage moderne au cœur de nos sociétés. Les images évoquent ceux qui ont construit et continue à construire nos richesses : les esclaves, passés et présents. En regardant objectivement nos sociétés nous pourrions dire que l’esclavage n’a jamais été aboli, mais seulement transformé et raffiné.
Le public est invité à lever le voile.
La tente est aussi une référence aux camps de réfugiés et de transit naissant en Europe et ailleurs dénotant l'extrême fragilité de centaines de milliers de pauvres dans le monde.
Leur avenir est totalement compromis par le système interconnecté de l'esclave moderne qui traverse les routes à travers le Sahara, la Méditerranée mais aussi la jungle administrative et la répression en Europe.
Chaque étape de leur parcours est gérée par une série d’intermédiaires que nous pouvons assimiler à un commerce d'esclaves des temps modernes. La tente n'est pas un espace agressif - il est apaisant, un espace de réflexion et de contemplation. Cela nous rappelle d’être humble face aux origines de notre zone de confort. Aucune société ne peut se dissocier de son histoire, et toutes les sociétés ont des zones d'ombre, surtout quand il s'agit de déterminer qui est l'origine de ces richesses.